le: 24 Septembre 2009 à 09:47:46
Allez, j'y vais de la mienne!
Je pense que tout ce qui a été dit se complète, j'aimerais néanmoins apporter une pierre à ce bel édifice. Sur l'ancien forum, j'avais parlé de ce paradoxe d'une mode qui, pour la première fois (peut-être) de l'histoire se porte sur quelque chose qui n'est pas éphémère. Le fait est qu'une mode qui dure 10 ans, ça n'est plus tout à fait une mode. Le tattoo était une culture, il est passé par le phénomène de mode pour le meilleur et pour le pire, aujourd'hui, il s'institutionnalise. Si l'on peut encore parler de mode aujourd'hui, c'est au niveau des motifs et emplacements concernés. Ces modes durent en général 6 mois, un an. Si le regard s'éduque, je pense que le principal problème (en dehors du prénom copain/copine) de regret de tatouage vient de ce qu'il a pu être fait dans un de ces mouvements de mode, la mode étant passé, le tattoo se date de lui même. Il peut se "ringardiser" au regard du courant de mode actuel.
Il est évident que des tattoos revendicatifs ou fortement significatifs ont un impact particulier, et par voie de conséquence, peuvent créer ce fameux clash social et, selon l'évolution de la personne, le regret de l'avoir fait.
Mais n'oublions pas que le tatouage est, à l'origine, une culture. Ou plutôt DES cultures. Le genre de questionnaire qui t'intéresse serait parfaitement inadapté si tu allais le poser en Polynésie, par exemple. On doit donc considérer ta question comme étant localisée principalement sur la culture générale occidentale. Par chez nous, cette culture a d'abord été celle de la marginalité. Marins, filles de joie, bagnards, apaches etc etc... Ce qu'il reste de cette époque est le tabou qui a certes diminué, mais qui est encore suffisament présent pour faire virer quelqu'un de son boulot. Mais il me semble que, quelque soit la perception actuelle du tatouage (mignon, joli, discret, decoratif, affectif, pas marginal etc...), on ne doit pas commettre l'erreur d'oublier d'ou il vient. Il n'est pas question de glorifier un quelconque "bon vieux temps", mais de ne pas l'effacer de la mémoire. Il semblerait que la perte de mémoire collective soit l'un des fléaux de ces deux derniers siècles, autant faire de son mieux pour éviter que cela se produise sur un domaine qui nous passionne!
Tout ça pour dire que personnellement, j'ai toujours baigné dans des mondes ou le tattoo était présent. Le tattoo dit "marginal" (purée, que ce mot m'énèrve!), plus qu'un autre. Première K7 à moi perso, Renaud... ("sur l'bras j'ai tatoué une couleuvre", "j'oubliais qu'tes tatouages et ta lame de couteau..." etc etc...). à 5 ans, même si on comprend pas tout, ça marque! Puis milieu musical (rock, punk et autres joyeux compagnons) ou le tattoo est omniprésent, mais ou, contrairement aux idées reçues, l'absence de tatouage ne marginalise personne. Je l'sais, j'y étais!^^). Pour ma part, chacun de mes tattoos a été un acte d'engagement, parce qu'ils ne sont pas neutres. Ils parlent clairement de quelque chose. Certains diraient qu'ils sont "militants" (punaise, ce mot là aussi!). Aussi, je me permettrais une remarque très personnelle sur le tattoo et le regret de l'avoir fait. Je n'ai pas regrétté le moindre de mes tatouages, ne serait-ce qu'une seconde (pourtant, j'en ai des moches, hein?). Mon premier a plus de 10 ans (12 ou 13, je crois, je sais plus trop, en fait), et il est très explicite. Ce que je vis, les milieux dans lesquels je vis ou ai vécu, c'est quelque chose de profond et de sincère. Partant de là, même si un jour je m'en éloigne, je ne pourrais pas tirer un trait sur une période de ma vie faite de sincérité. Si un jour mes tattoos ne représentent plus ce que je pense, ils représenteront du moins ce que j'ai pensé. Comme je le disais, la mémoire me parait nécéssaire à notre époque, y compris la mémoire personnelle. Ils seront là comme la trace d'un itinéraire, et quoi que je pense dans le futur, ce sera forcément cet intinéraire qui m'aura amené à le penser. Mes tattoos ne seront alors plus "militants" (aaaargh!) d'une idée ou d'un mouvement, mais "militants" de l'acte de mémoire, de ma propre histoire. Je ne crois pas pouvoir regretter ça un jour. J'aurais personnellement (j'insiste sur le personnellement, hein?) beaucoup plus de mal à vivre avec un tattoo déco méttant en valeur un événtuel muscle que j'aurais eu un jour. La, j'ai donné ma version à moi,qui ne remet en cause la version de personne.
Ce que j'aurais (je pense) rétorqué à ton papa, chanel, C'est qu'un tattoo ne fige rien. Si il reste présent, il changera visuellement, par son propre vieillissement et par celui du corps en question. Un tattoo ne fige pas un corps, il le suit. Et dans la mesure ou ce qui existe à notre conscience, c'est ce que l'on voit, et que ce que l'on voit aujourd'hui ne pourra pas être la même chose que ce que l'on verra dans 10, 15, 20 ans (la vision n'est qu'une image sans sens en elle même, c'est notre conscience, notre culture qui transforme la "vue" en "regard"... La conscience et la culture évoluent avec notre histoire, le regard ne peut que changer!). Un tattoo ne fige rien, encore une fois.
Voilà pour ma part!